Retour avec meurtrissure (2- Clos)

Mokia était aux côté du roi de Soras. Ils étaient dans les couloirs, en direction de la chambre du roi et en provenance de la salle de banquet. Les membres du chateau leurs jetaient des regards étonnés, et même pour certain des airs courrouçés bien que Mokia ignora pourquoi... Mokia avait été heureuse de constater que Markhal avait accepté son aide mais elle avait tout de même remarquer que ceci n'était pas de gaieté de coeur. En effet, il avait été comme énervé de voir que la jeune femme tenait à le soigner elle même, était cela qui blessait le plus Mokia, ou était simplement de le voir souffrir...

Mokia n'aimait pas ce qu'elle était en train de devenir. Elle avait l'impression de ne plus être elle même. Ses sentiments prenaient le dessus dans sa vie, alors qu'elle s'était jurer de ne plus jamais aimé quelqu'un. Malheuresement, le coeur à ses raisons, mais des raisons qui font souffrir. Mokia jeta un regard douloureux vers le roi, mais celui ci avait les yeux rivés au sol et elle ne put croiser son regard. Désormais, Mokia en été sûre, elle était amoureuse du roi, et ce pour son plus grand malheur car elle n'avait jamais voulu l'être...

Ils arrivèrent enfin en vue de la chambre du roi. Celui ci ouvrit la porte et ils se retrouvèrent tous deux dans la chambre, suivis de près par Yst et Aram qui curieusement semblait s'apprécier, en effet Markhal avait quitté son gryffon pour ouvrir la porte, d'où la raison de sa présence en arrière... Mokia ne savais pas ce qu'il convenait de faire, elle ignorait les coutumes du roi lorsqu'il était dans sa chambre aussi, elle décida de le laisser faire car elle ne voulait pas le brusquer.

HJ: Désolée entrée en matière nulle mais je sais pas quoi dire

Hj : Aucun problème ! Moi j'y arrive

Markhal marchait dans le couloir. Dans sa tête, des milliers de pensées lui traversaient l’esprit. Il se demandait ce qu’il allait faire, comment allait-il lui expliquer ce qu’il avait sur le corps, les trop nombreuses cicatrices et un peu suspectes qu’il possédait... Tout ça était beaucoup trop pour lui. Il aurait voulu que ce soit Lilou, car il aurait eu le temps, à ce moment-là de se préparer pour ne montrer que ce qu’il fallait voir et rien d’autre... Il était très, très embêté. Ça n’arrivait décidément qu’à lui. Mais il fallait avouer qu’il était une des seules personnes à avoir beaucoup trop à cacher... Ou plutôt à protéger. Qu’allait-il donc bien lui raconter ? Il craignait de devoir, comme il l’avait fait avec d’autres femmes, devoir ensuite la tuer. Mais peut-être ne ferait-il rien et attendrait en lui disant de sortir pour pouvoir se préparer tranquillement ? Ou alors... ou alors il lui faisait confiance et devait risquer de la réduire au plus grand silence après. Qu’est-ce qu’il haïssait le choix.

Ses yeux fixés sur le sol, il ne faisait que poursuivre la route, à moitié affalé sur Aram tout en espérant que d’un coup ses blessures disparaissent. Mais voilà, la magie n’existait pas partout dans ce monde pourri et il était pour l’instant obligé de demander à quelqu’un d’autre de le guérir. Le voilà lui, le grand Markhal, ayant plus de victimes sur son palmarès que tous les assassins réunis, devait s’abaisser à demander de l’aide à une autre personne. Plus on est haut, plus dure est la chute. Et celle-ci avait été très douloureuse pour sa fierté.

Mais il ne le montra pas, son cerveau était bien trop occupé à chercher un moyen de ne pas devoir tuer Mokia, d’un côté parce qu’elle était une excellente recrue pour les assassins, et de l’autre... il ne savait quoi dire, sinon... qu’il ne saurait tout simplement pas le faire. Etait-ce les sentiments qu’il avait pour Mokia ? Non, il n’en avait aucun, ou plutôt... presque pas, à part de l’appréciation pour sa beauté et son élégance, du moins il tenait de se le faire croire par tous les moyens. Ou alors était-ce peut-être les sentiments que Mokia portait pour lui, qu’il ne pouvait s’empêcher de remarquer, mais qu’il voulait obstinément ignorer, pour ne plus à avoir souffrir... Comme il avait souffert avec sa sœur. Mystère insoluble que le roi évitait d’approcher de trop près pour ne pas devoir faire face à la vérité.

Heureusement, quoique par rapport aux pensées du roi, cela fût plus malheureux qu’heureux, sa chambre arriva bien vite. Aram, comme à son habitude, resta en arrière tandis que le roi ouvrait la porte. Markhal adorait sa chambre. Sobre en toutes circonstances, le lit était toujours soigneusement fait, comme si personne n’avait jamais dormi dedans. Dans l’âtre brûlait toujours ce feu habituel que maître avait demandé expressément pour lui. Etant semi démon, Markhal supportait le froid, mais à moitié, ayant besoin dans des moments de faiblesse une chaleur ambiante agréable. Elle qui se trouvait dans sa chambre était à chaque fois...parfaite. Les tissus, contrairement à ceux des autres chambres, étaient d’un rouge entre le pourpre et le sang, foncé et agréable qui inspirait toute la force et le courage de l’occupant de la pièce. Pourtant, il n’y avait rien d’autre qui pouvait donner un indice sur lui : pas de décorations, pas d’artifices sans utilité, pas d’objets encombrants. Il y a juste un lit à baldaquin, à deux places également, deux chaises devant une cheminée à feu ouvert accompagnée d’un petite table en chêne, bois foncé qui résistait miraculeusement à toutes sortes de problèmes que Markhal essuyait quotidiennement, comme par exemple aujourd’hui où il fumait tellement, le roi avait des brûlures de l’éclair du magicien.

Il entra seul, le plus calmement possible, suivi de Mokia. Aram, quant à lui, resta dehors et monta la garde comme il avait l’habitude de faire. Markhal ferma la porte sur Aram en laissant l’autre gardien dehors également, empêchant donc Yst de suivre sa maîtresse. Le roi de Soras laissa toute sa fatigue remonter peu à peu à la surface. Il se sentait mal et faible... Le mi-humain avait une très grande envie de se coucher sur son lit, de ne plus bouger et de laisser ses yeux se fermer pour pouvoir savourer un moment de tranquilité. Mais voilà, il était en compagnie de quelqu’un et rien ne pouvait se passer comme il le voulait.

Il s’assit lourdement sur une des chaises et se mit une main sur son visage. En fait, il avait exactement la même position que lorsqu’il avait vu l’assassin dans la salle des banquets. Il ne bougea plus, sachant qu’il était observé par la femme. Markhal serrait juste les dents pour s’empêcher de gémir de nouveau. Par ces simples gestes, le roi venait de faire rouvrir quelques-unes de ses blessures. Maugréant à voix basse sur lui et sur sa malchance, le traître à l’Empire enleva la main de son visage et indiqua d’une voix calme à la jeune femme :

« Tu trouveras sûrement une bassine d’eau et des bandages dans la pièce à côté. Aram te laissera passer quand tu reviendras. »

Il ne dit rien de plus. Markhal laissa quelques pensées lui traverser d’esprit avant d’indiquer du doigt, d’une façon fort élégante, la direction de l’endroit. Elle n’avait qu’à se débrouiller avec ça. Le roi attendit quelques instants, le temps que la femme sorte. Pour enfin baisser sa capuche, laissant découvrir son visage aux traits doux, mais anguleux, ses yeux vairons et ses mystérieux cheveux mi-longs d’un brun foncé proche de la boue qui encadraient agréablement son effigie et ses lèvres pleines ainsi que sensuelles. Son petit bouc sur le menton était ressorti grâce aux autres éléments d’habitude cachés de sa figure.

Il soupira et se dit qu’il devait lui rester quelques minutes avant que Mokia ne revienne. Markhal ébouriffa ses cheveux mouillés et soupira une nouvelle fois. Il enleva sa veste toute rapiécée et s’assit de nouveau. Cela avait été bien difficile et il ne pouvait arrêter les petits cris de douleur qu’il retenait jusque là, s’échapper en une litanie lancinante et poignante. Sa chemise blanche était couverte de sang et son pantalon...n’en parlons pas. Il regarda ses affaires avec un peu de dépit avant de reprendre sa figure impassible en entendant l’assassin revenir. Markhal arrêta de bouger et retint quelques minutes son souffle, avant de le relâcher, sans même s’en rendre compte qu’il l’avait retenu. Un peu embarrassé, il demanda soudain abruptement :

« Explique-moi... pourquoi veux-tu à tout prix m’aider ? Une telle dévotion ne se voit pas souvent et je peux même dire que les seules personnes qui en ont autant faire preuve étaient toutes des espions d’Elendil. Alors ne joue pas à la plus fine avec moi. Je veux la vérité. »

A vrai dire, elle pouvait raconter n’importe quoi, ou même ne rien dire, Markhal avait dit ça pour soulager sa propre conscience, être tranquille avec lui-même et éviter de garder ça plus longtemps. Il s’arrêta et détourna ses yeux durs comme la pierre. Voulait-il cacher ses sentiments ou était-ce par habitude ? En tout cas, Mokia ne le saurait sûrement jamais...peut-être.

Markhal vit qu’il était observé par la jeune femme. Cela ne le dérangeait pas, au contraire et ce fut soudain à ce moment qu’il se rappela pourquoi il se cachait derrière une capuche. Et bien oui, il n’aimait pas vraiment être ainsi observé. Toute son enfance, il avait vu ces yeux qui le jaugeaient pour savoir si oui ou non, il faisait bien ce qu’il devait faire, il avait vu ces yeux qui décidaient de son avenir, il avait vu ces yeux qui l’avaient privé de son Empire. C’était pour ça qu’il portait une capuche. C’était pour ça qu’il ne voulait plus sentir ce poids. Pour la simple et bonne raison qu’il voulait avoir le contrôle. Ce pouvait être difficile à comprendre pour quelqu’un d’autre, mais pour Markhal, une personne qu’on ne voyait pas avait du pouvoir. Ce n’était pas pour se cacher des soldats –d’ailleurs sa description chez les autorités d’Elendil correspondait à celle avec la veste et la capuche- mais bien pour avoir ce sentiment de sécurité qu’il avait un peu besoin de ressentir.

Le roi fut content qu’elle ne dise rien, qu’elle s’occupe à ce qu’elle devait faire. Ce silence le reposait facilement. Il n’avait pas vraiment besoin de dormir, car de toutes façons les minutes qu’il passait à sommeiller se résumait à quelques cauchemars bien salés, juste rester calme dans un espace silencieux. Cela lui suffisait amplement et il n’avait pas besoin de plus. C’est donc presque soulagé qu’il observait les faits et gestes de Mokia tandis qu’elle préparait l’eau dans une bassine. Il n’allait pas s’en mêler et la laissa faire.

La réaction qu’elle eut à sa question lui revint à l’esprit. Avait-elle souri ? L’avait-il bien vu ? Non, Markhal n’avait pas dû bien regarder. Il se posa alors la question : pourquoi aurait-elle souri, si cela avait été le cas bien sûr. Bien qu’il se l’énonçât pendant quelques minutes dans la tête, cette question resta sans réponse. Mais une deuxième lui vint à l’esprit : y trouverait-il même jamais y réponse ? Renfrogné par ces énigmes incessantes, il garda un visage impassible et se décida à se concentrer sur autre chose que sa douleur et ces questions.

Il sortit de son engourdissement en sentant une présence à ses côtés. Il leva très lentement les yeux et regarda presque pensif –presque parce que ses yeux avaient quand même l’air plus impassibles qu’autre chose- la jeune femme. Il se demanda ce qu’elle allait faire. Mais bientôt Mokia leva les mains puis se ravisa soudain, arrêtant son geste en pleine course. Pourtant Markhal ne fit rien. Il attendait de voir avec quelle douceur l’assassin savait le manipuler. Il ne manqua pas de remarquer que l’amie des ombres cherchait un moyen de lui enlever son vêtements sans lui faire mal. Sans le vouloir, une note de flatterie toucha son ego. Pourquoi ? Il se le demandait bien lui-même.

Finalement, Mokia s’approcha et prit entre ses doigts fins et délicats un bouton et l’enleva de la chemise. L’opération se réitéra le nombre de fois qu’il y avait de boutons et très vite, Markhal enleva la chemise qui se retrouva par terre. Markhal regarda d’un air désolé sa pauvre chemise. Elle l’avait suivi durant de longues années et voilà qu’aujourd’hui il pouvait toujours la regarder en espérant que toutes les taches s’en iraient. Bon, il savait qu’il passerait lorsqu’il se sentirait mieux à la Plaine Bouillante pour nettoyer toutes ses affaires. Mais il faudrait voir le temps qu’il lui faudrait avant. Sinon, il n’aurait qu’à donner ses affaires à laver à une esclave, rien de plus simple.

Mokia se leva alors, lorgnant néanmoins vers les cicatrices de l’homme, mais s’abstenant déposer toutes questions. Markhal lui fut en lui-même reconnaissant de cette sollicitude. Le roi laissa la femme commencer ses soins. Elle avait entre les mains un linge qu’elle trempa dans la mixture et utilisa ensuite pour nettoyer les premières blessures sur le torse du roi. Markhal tressaillit non pas à cause de la douleur, mais bien du contact en lui-même. Il ne prononça pourtant rien et resta là, sans parler, sans rien attendre d’autre que le sommeil.

Il regarda le feu de la cheminée et s’attarda quelques instants sur la courbe dorée et enchanteresse des flammes. Markhal avait envie de dormir, mais sa raison lui dictait de rester à l’affût et de garder un œil sur ce qu’il se passait. Maudissant sa propre raison, il mit une main sous son menton et se mit à observer le visage de Mokia en plein travail, de son regard pénétrant et glaçant à souhait, quoi laissait rarement les gens impavides ou impassibles tout du moins.

Il ne fit pas de gestes brusques, mais leva un moment la main vers Mokia. Ce geste qui avait l’air rude se révéla pourtant très doux, car, rempli pour une fois de bonnes intentions, Markhal remit doucement la mèche noire qui s’échappait du reste des cheveux derrière son oreille. Il ne sourit pas, mais une petite flamme brillait tout au fond de ses yeux. Yeux qui d’ailleurs, se détournèrent vite de la femme pour recommencer à fixer un point au hasard sur le mur.

Markhal luttait contre lui-même pour s’empêcher de commettre une bêtise. La dernière fois que il en avait fait une... C’était presque pire que ses débordements de sentiments et ça virait vite au massacre, ou au contraire à l’orgie. L’un ou l’autre, c’était pareil quand on savait que Markhal jouait les jolis cœurs avec les esclaves –ou du moins il le faisait pendant quelques minutes pour être sûr d’acquérir plus tard la promesse d’une nuit volée- et qu’il pouvait aussi bien quelques minutes après tué cette personne. Il suffisait de savoir le nombre de femmes enceintes qui pouvaient affirmer, maintenant aux vers de terre, que leur enfant est du roi. Mais il ne valait mieux pas le dire devant lui car personne n’avait pu voir ces enfants grandir, personne !

Les yeux regardaient le mur. Markhal sentait que le silence devenait pesant, malgré l’impression qu’elle faisait sur lui, il la trouvait soudain poignante et vaguement désagréable... Mais voilà qu’une voix le brisait. Mais cette voix n’était pas douce ou même agréable –il ne voulait pas insinuer par là qu’il n’aimait pas l’entendre- au contraire, il aurait presque cru que la personne à qui cette voix appartenait était...sur le point de pleurer. Une plainte lancinante sortant de la bouche de la jeune femme qu’il convoitait, si l’on pouvait dire ainsi, pour l’instant.

Elle ? Avoir mal d’être près de lui ? Avoir mal d’être loin de lui ? Il avait un peu de mal à comprendre... Markhal n’était pas un expert en sentiments dits humains. La pitié ? Pas dans ses cordes. Le désir ? Là, il avouait qu’il avait beaucoup d’affinités avec ce petit penchant. La tristesse ? La dernière fois qu’il avait ressenti cela, c’était quand il était jeune, il avait vu sa sœur se réveiller et hurler dans tout la château l’ordre de tuer Markhal. Alors l’amour... vous pensez bien que ça risquait d’être un des sentiments les moins visités. Pourtant, là, c’est de cette émotion qu’on lui parlait. De cette prison qui ne voulait pas vous lâcher et vous enfermait jusqu’à ce que vous renonciez à tout : vos rêves, espoirs, et que vous commenciez peu à peu à perdre goût à la vie. Jusqu’à ce qu’un jour l’être que vous aimez vous accorde un regard et à ce moment là il ne reste plus que deux the end : ou bien il rend le même amour et les gens coulent des jours heureux, ou bien il ne peut pas donner le retour des sentiments et la clé de la prison dans laquelle on est enfermé est lancée dans l’eau sans espoir d’un jour la retrouver. Vision macabre de l’amour, non ?

Markhal se tourna vers Mokia et eut également le bonheur de voir que ses plaies sur le torse étaient guéries. Enfin, guéries était un bien grand mot, lavées aurait été plus judicieux, mais on connaît bien Markhal et une fois qu’il a décidé quelque chose, plus rien ne pourrait le faire changer d’avis !... A moins peut-être... des beaux yeux d’une femme. Markhal la vit se lever et se mettre derrière lui, sûrement pour continuer de laver ses plaies et poursuivre ainsi por celles sur le dos, mais malheureusement poour elle, Markhal ne l’entendait pas de cette oreille-là.

Il déposa sa main sur celle de Mokia qui était en train de nettoyer une plaie sur son épaule. Il la stoppa net dans son travail pour se retourner vers elle et la regarder dans les yeux, les yeux flamboyants mais le visage impassible. Lentement il se leva, ignorant sa douleur et sa souffrance au mépris de l’événement. Et avec une infinie douceur apposa un baisser sur les lèvres de l’assassin. Ensuite il se rassit et d’une voix calme et posée mais dans laquelle perçait une petite malice :

« Nous sommes maintenant à égalité. »

Markhal caressa doucement la joue de Mokia. Il ne fit rien de plus et se rassit calmement, comme si rein ne s’était passé. Pourtant, il eut soudain un sanglot. Pleurait-il ? Aurait-il mal quelque part au point de perdre sa fierté ? Ou peut-être était-ce un sortilège dont il faisait preuve. Mais sait-on jamais. Markhal se ressaisit aussitôt et resta sans rien dire. Mystère complet, mais dans une telle faiblesse arracher une réponse est très facile...

Après son tête à tête avec Alienor, Lilou était revenue au château. Elle avait prit son temps pour réfléchir à ce qu’elle devait faire. Elle avait traversé les couloirs avec discrétion, telle une ombre noire prête à fondre sur un esclave qui n’était pas là où il devait se trouver.

Lorsque la conseillère était dans un el état d’esprit, les esclaves se faisaient discret et parfois même se cachaient. Malheureusement pour une jeune esclave, qui ne l’avait pas vue arriver, ce qui devait arriver arriva. Celle-ci nettoyait le sol du couloir en chantonnant, chose qui exaspérait Lilou. Elle aimait chanter et écouter des ménestrels mais selon elle, le chant était un droit que les esclaves ne possédaient pas.

Elle se posta derrière l’esclave qui vit son reflet sur le sol. Elle sursauta et s’arrêta immédiatement de chanter, celle-ci se releva pour esquisser une révérence effrayée.

- « Je ne vous avait pas entendu arriver Conseillère… »
- « Je n’en doute pas… »

La jeune elfe déglutit péniblement, elle pouvait voir dans les yeux de la succube une colère froide qui couvait et menaçait d’exploser d’une minute à l’autre. L’esclave ne savait pas que faire, elle ne pouvait pas retourner à sa tâche avant que la conseillère ne lui en donne l’ordre et en même temps si elle ne s’y remettait pas on l’accuserait de fainéantise.

Un sourire glacial naquit sur les lèvres de la succube. Elle avait très bien comprit ce qui passait par la tête de l’esclave. D’un claquement sec, elle attrapa par la gorge la jeune femme et serra son étreinte avec violence. Le visage de la jeuen fille vira au rouge pour en arriver au bleu.

Lilou finit par la lâcher après un court instant, ce qui provoqua chez l’elfe une toux rauque. Ensuite, Lilou se tourna vers un garde et lui fit signe d’approcher.

-« Amène la dans la salle de torture, j’irai la voir plus tard… »

L’homme acquiesça bien qu’il ne soit pas enchanter de faire ce que la conseillère venait de lui demander. Avec un sourire, Lilou continua son chemin jusqu’à sa chambre. Là, Pez l’informa que le roi étiai partit avec Mokia dans sa chambre et se faisait soigner par elle..

Lilou soupira et prit ses produits de soins avec elle. Elle traversa le château et se rendit à la chambre du roi où il se faisait soigner par une personne qui ne possédait pas les compétences demandées. Elle frappa à la porte et entra, imposant sa présence au couple.

Elle remarqua rapidement le dos du roi, il était ensanglanté. Si elle ne s’occupait pas de lui, il continuerait à se vider de son sang. Elle regarda froidement Mokia qui lui faisait un massage ; chose qui lui sembla totalement inutile dans ce contexte.

Se reprenant, elle fit une révérence respectueuse au roi avant de continuer.

« Mon roi, je suis confuse de vous dérangez durant… votre tête à tête mais je crois que vos blessures requierent des soins plus… précis… »

Elle observa innocemment le roi, ne laissant pas paraître ses sentiments et ses opinions.Mais laissant quand même ses yeux se poser sur le tissu mouillé qui trainait sur le sol.

Markhal luttait contre plusieurs sentiments. A la fois, il avait envie de pleurer, pour une raison qui lui était même inconnue, d’une autre il avait envie d’éclater de rire et de tuer la jeune femme et d’un dernier côté, continuer ce qu’il avait commencé, c’est-à-dire autant se jeter directement sur Mokia et de faire ce qui lui avait traversé l’esprit la première fois qu’il l’avait vue. De cette pensée ne resta qu’un regard vers son lit, mais en sentant la douleur qui lui étreignait le bas du corps, il se dit que ça valait peut-être mieux pour lui et pour elle qui souffre assez pour ne pas à avoir la force de le faire. C’était aussi terrible que si on lui avait privé de ses attributs masculins. Il baissa la main et la déposa sur l’entrejambe pour discrètement vérifier : c’était bon, elles étaient là.

Il soupira de soulagement et se mit à attendre. Markhal sentit que Mokia recommençait à passer le linge sur ses blessures. Le roi tressaillit légèrement et entendit pourtant peu après un bruissement visqueux. Un regard vers le sol confirma bien vite ses suppositions : elle avait lâché le linge. Markhal allait se retourner pour lui demander ce qu’elle faisait sur un ton –il fallait le dire- qui n’allait pas être des plus doux, mais en sentant soudain le mouvements apaisant sur sa nuque, Markhal crut défaillir.

Il resta pourtant stoïque, ne faisant aucun geste ni aucune esquisse, comme s’il endurait la pire torture qui soit. Il avait l’impression de fondre entre ses douces mains qui massaient son cou un peu tendu. Mais ce n’était pas seulement de ce massage que lui venait cette impression, mais également du fait qu’il n’arrêtait pas de jaillir du sang de ses blessures. Mais bon, ça il l’ignorait car il n’avait pas encore trouvé le moyen de voir son dos en entier. Le seul indice qui aurait pu le lui dire était ce sentiment que quelque chose dégoulinait jusque dans son pantalon. Perspective joyeuse qui malheureusement ne trouvait pas de place dans l’esprit quelque peu embrumé de Markhal.

Le roi entendit alors des coups sur la porte et avant qu’il ne demande à Aram d’empêcher cette personne d’entrer, la vision de Lilou s’imposa à sa vue. Partagé entre l’exaspération et le soulagement, Markhal regarda sans rien dire sa conseillère et retrouva son visage froid et impassible -qu’il avait déjà d’habitude mais qui s’était légèrement transformé en une moue surprise quand elle était entrée. Comme s’il avait oubliée, elle fit rapidement une révérence –mais qui n’en était pas moins respectueuse- et s’empressa de continuer par des directives sur sa santé.

Il attendit quelques instants avant de se décider à analyser la situation. D’abord, il saignait à flots – un regard vers ses vêtements le lui confirma tout de suite-, ensuite au lieu d’appeler une experte, il avait choisi Mokia qui, en toute logique et en connaissant l’esprit calculateur du roi, n’aurait jamais du se trouver là et voir son visage. Mais le maître de Soras ne voulut prononcer aucune parole et fit un geste pour sommer à l’assassin d’arrêter son massage. Il se leva avec les forces qui lui restaient et commença enfin à parler :

« Lilou... Je suis content de te voir –lui ?! Content ?! En tout cas, rien ne le laissait paraître sur son visage ou par une posture de son corps- J’ai demandé que quelqu’un t’appelle mais... Finalement j’ai du opter pour une solution de rechange... »

Il glissa un regard à Mokia et revint à la femme du moment qui devait l’intéresser. Il intima à l’autre jeune femme –celle qui lui avait massé le cou et commencé à nettoyer ses blessures- de se retirer.

« Merci Mokia... je veux que tu nous laisses maintenant. »

Ce n’était pas ‘j’aimerais’ qu’il avait dit, c’était bien ‘je veux’. Markhal devait s’être aigri avec l’âge... Il se rassit lourdement et calmement et se décida à ne regarder personne à part le feu, avant qu’il n’en reste plus qu’une seule dans la pièce.

Lilou releva les yeux car elle avait bien assez laissé son dédain paraître en regardant le tissu sale qui gisait sur le sol. Elle releva les yeux, les plantant dans le seul œil visible du roi , celui qui était d’un bleu électrique et qui en se moment même laissait paraître plusieurs sentiments en même temps…

La conseillère eut un léger sourire ironique, elle n’avait pas essayé de le cacher car c’était chez elle une habitude de laisser son amusement apparaître dans des situations où elle risquait gros.

Lilou avait attendu le verdict du roi en regardant Mokia. Celle-ci semblait brûler d’un sentiment qui l’incendiait de l’intérieur. De ce que pouvait voir Lilou, ce n’était pas tant contre elle que ce sentiment était dirigé mais plutôt vers le roi.

Markahl prit enfin la parole, ramenant sur l’attention de la succube. Celle-ci esquissa un doux sourire au roi avant d’ajouter :

« Moi de même, c’est toujours un plaisir de vus revoir… »

Lilou tourna les yeux vers Mokia, une solution de rechange ? Elle n’en croyait pas un mot, Lilou connaissait bien le caractère du roi et si il avait vraiment voulu son aide, à elle seule, personne ne se serait permis de lui refuser ça…

La conseillère la regarda silencieusement faire une courbette forcée et sortir apparemment soulagée. Quand au roi, il ne les regardait plus, son regard était fixé sur le feu qui brûlait dans l’âtre de sa cheminée…

Lilou attendit patiemment que Mokia soit sortie et que le roi l’autorise réellement à venir s’occuper de lui. Car bien qu’elle se permette de « mettre les pieds dans le plat » elle avait assez de respect et d’intelligence pour ne pas trop provoquer markahl…

Markhal se sentait...troublé. L’origine de ce sentiment lui était inconnu et la raison encore plus. Il avait beau tenter de se concentrer sur un endroit quelque part, c’était bien trop difficile et il leva un instant les yeux pour regarder Mokia. L’assassin faisait une révérence exagérée, forcée, comme si elle n’en avait cure de cette marque de respect et n’avait pas envie de l’esquisser. Markhal lui aurait sûrement écrasé la tête contre le mur s’il n’avait pas vu le regard qu’elle lui lança peu après.

Tout d’abord coula de la colère, une colère dont le roi ne fut pas enclin à accepter. Ensuite... une pointe d’amertume qui lui laissa une surprise... Mais ce qui le blessa fut la dernière émotion lisible. De la joie, il lisait de la joie au fond de ses yeux. Ce n’était pas de la joie qu’il aurait voulu voir ! C’était de la tristesse, du désespoir ! Quelque chose... qui lui disait que quelqu’un, d’un certain côté, l’aimait comme il était. Il refoula un sentiment de cuisante défaite et se sentait blessé. Blessé dans sa fierté, son orgueil. Il ressentit alors un horrible sentiment de souffrance : son côté humain lui faisait bien des reproches pour s’être conduit d’une façon aussi stupide.

Mokia ne départait pas de son regard et le laissa poursuivre son inquisition. Bien vite Markhal retrouva une chose qu’il avait vu dans beaucoup d’autres regards avant que ceux-ci ne s’éteignent à tout jamais : une flamme. Rien de bien important me direz-vous ? Mais non, au contraire ! Cette flamme a toute son importance ! A la fois elle lui faisait comprendre une douleur profonde et en même temps au fanatisme d’une espérance malsaine. Le roi venait-il de se faire une ennemie ? Peut-être... En son cœur, au plus profond du peu ‘d’âme’ qui lui restait... Il espérait que non.

Espoir ?! La belle blague ! Markhal ne ressentait plus ce genre d’émotions ! Pourtant c’était bien cette horrible empoignante impression qui vous écrasait l’esprit au lieu de vous l’aider. Alors il se posa l’ultime question : aimait-il Mokia ? C’était difficile à dire... Il aimait bien la voir et sentir ses mains sur son corps, mais y plaquer le nom d’amour était peut-être un peu trop rapide. Non, à ses yeux, c’était bel et bien du désir qu’il avait et non de l’amour. Mais qui est Markhal pour mettre des noms sur les sentiments ? A vrai dire les gens le qualifient comme un glacier qui dépasserait de la surface. Quelqu’un qui est froid et n’aime pas être approché. Alors pourquoi saurait-il décrire ses émotions ? Non, il avait besoin de demander à quelqu’un. Mais voilà, le roi n’était pas vraiment quelqu’un qui se confiait facilement...

Il reporta son regard vers l’âtre une fois que l’assassin marcha à reculons pour sortir de la salle. Il se sentait... bafoué, moqué, troublé. Il avait une telle envie de meurtre que son poing s’était serré tellement fort qu’une de ses veines avaient réussies à éclater. Markhal dût finalement se contrôler et, avec toute la peine du monde à cause de son affaiblissement due à son énorme perte de sang, il fit un signe à Lilou pour venir.

« Ça ne sert à rien d’attendre là... J’ai besoin de soin... »

Il s’arrêta et ne fit rien d’autre. Il en avait plus qu’assez. Sa seule envie était de tuer quelqu’un. Il irait voir quel esclave pourrait-il torturer après le peu de repos qu’il prendrait.


HJ : désolé, je ne réponds pas vraiment, mais je n'ai pas su faire mieux...

Lilou avait observé la scène qui se déroulait sous ses yeux avec beaucoup d’attention. Markahl et Mokia semblaient être lié par un courant que la conseillère appelait avec un certain dédain : « un désir d’amour ».
Pour elle, il s’agissait de deux personnes qui toutes deux avaient un certain besoin de se sentir aimée et désirée et qui l’une et l’autre éprouvait envers son compagnon. Elle trouvait ça affligeant, quand elle observait ce genre de chose elle pensait à des animaux lors de la saison des amours.
Elle n’avait observé ce procédé que chez les humains, auparavant, ce qui expliquait sa surprise en voyant son roi y jouer.

*Mais après tout il a une part humaine… il faut croire qu’elle est assez présente pour le rabaisser à ces manières… *

Bien qu’elle trouve ce petit jeu bien stupide, elle observait toujours avec le même amusement moqueur les deux êtres qui s’y amusaient. Ici, elle aurait pu éclater de rire si cet homme n’était pas le roi de Soras. Le voir aussi énervé parce que Mokia lui avait coulé un tel regard prouvait que si la conseillère n’était pas entrée, leur entretient se serrait sans doute finit dans d’autre circonstances et qui sait ? Peut-être que Mokia ne serrait plus qu’à un fil de la mort…

Lilou regarda le roi se faire éclater une veine, elle aurait bien accouru plus vite pour l’en empêcher mais si elle l’avait fait, elle lui aurait montré qu’elle avait remarqué sa faiblesse. Ce qui n’aurait été bon pour aucune des trois personnes présentes dans la pièce.
En le voyant dans un tel état de rage contenue, elle comprit qu’il faudrait qu’elle y aille avec douceur si elle ne voulait pas qu’il lui saute à la gorge.
Quand il la convoqua enfin, ce fut avec mauvaise humeur. Il était affaibli ce qui décida à lui obéir sans rien objecter mais étant de nature orgueilleuse elle avait une sainte horreur qu’on lui parle sur ce ton.

Elle traversa la chambre avec ses produits, vida la broc d’eau sale dont Mokia s’était servie et le rempli d’eau de source très pure. Elle prit des tissus propres, les plongea dans l’eau avec de la sève d’un arbre de la forêt d’Elendil qui avait des propriétés désinfectantes et calmantes. Après qu’ils soient bien imbibés d’eau elle en posa un sur chaque blessure du roi. Puis, frotta avec chacun d’eux une blessure avant de jeter le tissus pour ne pas transporter une bactérie d’une blessure à l’autre.

Lorsque le dos du monarque fut de nouveau pâle, de sa couleur naturelle. Elle prit un pot et un pilon et fit une mixture à base de sable du désert, de sang de licorne et d’épines de roses. Elle laissa reposer pendant qu’elle recousait les blessures qui étaient trop profonde pour se refermer toute seule. Elle faisait ça avec un soin tout particulier, ne posant ses doigts sur le corps du roi que lorsque qu’elle n’avait aucun autre choix. Elle le faisait pour deux raisons très simple, la première pour ne pas lui infliger plus de douleur et la deuxième pour bien montrer que des sons n’étaient pas des massages.

Lorsque la pommade fut épaisse et collante, elle s’en mit sur les doigts pour la poser sur les blessures avec précision. Ses doigts effleuraient la peau du roi avec douceur et en faisant de petits cercle autour et sur les blessures. Lorsqu’elle eut finit cette application, elle prit des bandages fait par des elfes et commença à bander le torse musclé de Markahl. Elle prenait ces bandages car ils avaient une magie qui aidait à la guérison du patient.

Elle posa ensuite sa main sur le front du roi, il était brûlant. Elle eu un léger sourire car elle ne doutait pas qu’il devait y avoir un lien avec l’énervement de l’instant d’avant.

« Je veux que vous vous ménagiez… »

Elle planta son regard dans celui de Markahl. Oui, elle avait bien donné un ordre au roi et elle le faisait toujours avec ces patients lorsqu’elle était seule avec eux. Bien sûr, elle ne se permettrait pas de lui parler ainsi en d'autre circonstances, mais lorsqu'elle le soignait il en allait aini...Elle lui souria gentiment avant de retourner dans le dos du roi.

« Je ne vous demande pas de rester au lit mais éviter de sortir du château avant au moins… trois ou quatre jours… »

Elle prit dans son sac une fiole bleu clair et revint près de son roi. Elle l’ouvrit et lui tendit.

« Avalez ça, ça va faire chuter votre température parce que vous me faites un peu de fièvre… »

HJ: désolé du retard !

Markhal s’abandonna, si l’on peut le dire ainsi, aux mains expertes de Lilou. Il se sentait bien plus rassuré à présent, en sachant que sa conseillère était une personne à qui il ne devait pas cacher quelque chose. Enfin...presque rien cacher, disons. Chacun a toujours ces petits secrets qu’ils n’avouent à personne, n’est-ce pas ? Et bien Markhal n’échappait pas à la règle. Sauf que ces secrets à lui étaient bien plus lourds à porter que ceux de quiconque.

Lilou vida le broc rempli soigneusement par Mokia et y versa, avec toute l’application dont elle savait faire preuve, de l’eau claire et pure, aussi limpide que le cristal. Elle y plongea des serviettes sur lesquelles était ensuite posé un mélange d’origine obscur pour le roi. Quand ils furent enfin assez mouillés, le traître de l’Empire eut droit à ses premiers soins. Il sentit les serviettes se frotter sur ces blessures, ce qui, bien qu’il ne l’avouerait jamais en temps normal, le faisait à la fois horriblement souffrir mais en plus du bien –la fraîcheur du tissu soulageant quelque peu les brûlures que lui avaient provoqués par la même occasion le magicien. Il nota pourtant entre deux frottements que la précieuse conseillère changeait de tissus entre chacune de ses blessures. Attentif à ce détail, il se concentra pour tenter de deviner la raison, détournant ainsi son esprit de la douleur.

Après un petit moment, la succube se détourna de son dure labeur pour écraser quelque chose dans un pot, laissant un court répit au roi de Soras. Il souffla un peu, mais ses sens le rappelèrent soudain à l’ordre. Son fin odorat reconnut l’odeur d’un licorne, ou tout du moins quelque chose qui avait constitué son corps autrefois. Connaissant les vertus de cette créature, il se demanda dans un court moment d’égarement comment Lilou se l’était procuré. Evidemment, ce moment ne dura pas bien longtemps (remarquez que j’ai utilisé le mot court juste avant), car la femme trouva soudain intéressant de recoudre certaines plaies. Cela ne faisait plus du tout mal, en fait Lilou avait sûrement dû pomper toute son énergie à broncher en nettoyant ses blessures. Vive et rapide, la conseillère exécutait son travail avec soin et évitait le plus possible d’entrer en contact avec le corps meurtri de Markhal, sûrement pour ne pas trop lui faire mal.

Il passa finalement les minutes suivantes à sentir les doigts fins et délicats de Lilou faire des cercles sur son dos pour faire rentrer la mixture collante dans sa peau. Ce fut vite fini et le roi eut enfin droit aux tant attendus bandages. La conseillère le pansa avec soin et le laissa pour terminer prendre une position plus confortable. La femme posa sa main sur le front de Markhal et sembla vaguement amusée. Trop fatigué pour émettre la moindre remarque sur son air, il l’inscrivit pourtant dans son esprit, ne serait-ce que pour enquêter sur sa raison un peu plus tard. Faisant une légère grimace en entendant le ‘je veux’ de Lilou, il se rappela rapidement que ce n’était que lorsqu’il y avait une relation patient-médecin qu’elle se le permettait. En temps normal il aurait maugréer mille menaces plus invraisemblables les unes que les autres, mais l’envie lui manquait cruellement.

Lui ordonnant presque de rester au château, Markhal ne put qu’abdiquer et lui donner raison. Il acquiesça de mauvaise grâce et murmura dans le bouc qu’il possédait qu’il était tombé bien bas et que cela ne lui allait vraiment pas bien d’être commandé. Gardant pour lui els autres plaintes qu’il avait envie de formuler, il prit entre ses mains la fiole et but lentement le contenu. Une fois qu’il eut l’impression que ses soins furent enfin finis, il se décida à parler.

« Lilou... Cette femme, l’assassin qui était dans la pièce tout à l’heure, il faudrait la surveiller. Elle me semble être potentiellement dangereuse et je ne permettrai pas qu’elle fasse une bêtise ou révèle... quelque chose de compromettant. »

Il insinuait bien sûr qu’elle avait vu son visage et que si jamais elle rejoignait Elendil, il ne pourrait plus du tout cacher son identité lorsqu’il partirait un autre jour. Markhal regarda la porte qui s’ouvrit soudain et Aram passa doucement sa tête dans la pièce. Le roi lui fit un signe de la tête et le griffon sembla tout de suite comprendre. Quel était le sujet de l’échange entre Aram et son maître, nul ne le sait, mais ce qui était sûr c’était que l’homme venait de donner une nouvelle consigne à son gardien, et pas nécessairement une joyeuse ou une gentille tout plein.

« En tout cas, je te remercie, tes soins sont toujours aussi parfaits. »

Ce n’était qu’une simple formalité, mais dans sa voix perçait une sincérité guère voilée. Markhal avait ce qu’on appelait un attachement : certaines personnes lui semblaient importantes, donc il tenait à ce qu’elles restent dans son entourage ou tout du moins non loin de lui. Lilou faisait partie de ce groupe et il comptait la garder toujours soigneusement près de lui, d’une part pour ses soins et conseils et d’un autre pour garder un œil sur elle et l’exécuter au cas om il lui prendrait l’envie de changer de camp. Mais il savait que cela n’arriverait pas, en tout cas, pour l’instant. Le roi étouffa un bâillement et demanda finalement avec son impassibilité habituelle :

« J’aimerais que tu me laisses maintenant... Je ne sortirait probablement pas de ma chambre avant quelques jours alors je te confie comme d’habitude le commandement. J’aimerais que tu fasses une petite visite de courtoisie à notre bon chef des assassins... Et lui dire par la même occasion que son interdiction est levée. »

Markhal regarda pour terminer le feu. Une fois qu’il entendit la porte se fermer derrière la robe de Lilou, il laissa les flammes l’hypnotiser pour sombrer dans un sommeil lourd ; lourd de menaces et de cauchemars...